Avec ses deux salles très bien situées au centre et dans le haut de la ville, les cinémas UGC font la joie de nombreux spectateurs qui n’hésitent pas à s’abonner à leur carte UGC Unlimited. Pourtant, entre accueil et pop corn, proximité des transports en commun et salles très remplies, l’UGC ne fait pas toujours l’unanimité.
L’avenue de la Toison d’Or héberge, au début du 20ème siècle, de nombreuses salles de spectacles et de cinéma. L’une d’entre elles s’appelle le Capitole, une autre le Trocadéro, qui deviendra, dans les années ‘30 l’Acropole.
Ce dernier est détruit, à la fin des années ‘60, afin d’y construire les galeries de la Toison d’Or reliant l’artère à la Chaussée d’Ixelles. L’Acropole réouvrira au début des années ‘70.
Les deux salles fonctionnent de façon concurrente jusque dans les années ‘80, où un incendie frappe le Capitole. Après travaux, le voilà qui fusionne avec son voisin, pour être repris par le groupe européen UGC, fraîchement débarqué en Belgique : le cinéma UGC Acropole est né, avant d’être rebaptisé UGC Toison d’Or en 1999.
Des années “UGC Acropole”, certains se souviendront peut-être avec nostalgie des “Petits déjeuners du Cinéma”, du dimanche matin. Ces séances, organisées par l’asbl la Rétine de Plateau, ont débuté vers le milieu des années ‘80 jusqu’en décembre 2000, avant d’être abandonnés faute d’audience et de sponsors.
Aujourd’hui, il reste de l’époque de ces deux cinémas distincts, cette particularité qui fait parfois craindre au spectateur de rater le début de la séance : sa salle pouvant se trouver soit du côté “Promenade” (l’ancien Capitole) soit du côté “Galeries” (l’ancien Acropole).
Il est d’ailleurs dommage que l’UGC n’ait pas conservé les anciennes dénominations ou à tout le moins le nom d’UGC Acropole, gardant ainsi des traces de l’Histoire des salles de cinéma à Bruxelles. Mais nous verrons ci-après que le groupe jette parfois aux oubliettes (ou modifie) d’autres éléments de sa propre histoire.
A la lecture des commentaires sur notre site, nous constatons que la clientèle en apprécie la facilité d’accès et le public, mais pas toujours l’accueil qui leur est réservé ou certaines installations.
Le cinéma a du succès, malgré les prix jugés parfois excessifs. Toute personne se promenant dans les environs avant les séances a déjà remarqué les files d’attente parfois bien longues dans la galerie ou sur le trottoir. Nul doute que le personnel est mis sous pression. Il est donc difficile de se rendre compte de leurs conditions de travail, quelques uns témoignent dans nos pages des difficultés rencontrées dans certains cas. Ils ont cependant pris la peine et le temps de répondre à titre personnel en précisant leur lien avec l’UGC, et il est probable que ce ne soit pas les mêmes qui sont à blâmer pour la qualité de leur service.
La programmation offerte par l’UGC Toison d’Or est un peu différente et plus éclectique que celle proposée à l’UGC De Brouckère. A l’affiche : des films grand public mais également des “films plus ambitieux, sans tomber dans l'intellectualisme d'art et d'essai”, comme nous précise Patricia f. dans son commentaire.
Le titre peut être compris de deux manières différentes, puisque l’UGC De Brouckère est réputé pour sa programmation des “blockbusters” américains grand public.
Mais le Cinéma Américain, c’est d’abord le nom du tout premier cinéma de cet emplacement. A l’époque, il s’agissait de différentes habitations transformées en cinéma après calfeutrage des fenêtres.
On est alors en 1906 et les férus d’Histoire du cinéma se souviendront que les Frère Lumière ont projeté leur premier film en 1895 et la présentation de leur invention à Bruxelles a eu lieu l’année suivante, soit à peine dix ans plus tôt.
Le Cinéma Américain deviendra, ensuite, le Cinéma des Princes, mais ce n’est que dans les années ‘30 que le projet de construction d’une véritable salle de cinéma voit le jour, alors que le cinéma Métropole de la rue Neuve est un franc succès. C’est ainsi que l’Eldorado voit le jour à Bruxelles.
La particularité de l’Eldorado est sa salle, de 3000 places, somptueusement décorée, que tout cinéphile peut encore admirer aujourd’hui, puisqu’il s’agit de la salle nommée Grand Eldorado.
La décoration de la salle est surprenante et peu répandue à Bruxelles, puisqu’elle marie l’Art Déco à des éléments africanistes.
Pourtant cette salle n’a pas toujours pu être contemplée : le cinéma Eldorado ferme en 1974, et est transformé en une série de petites salles ne tenant absolument pas compte des fresques sur les murs.
Ce n’est qu’après la fermeture de l’Eldorado en 1991, et la reprise par le groupe UGC qui rénove et réhabilite cet élément architectural imposant, que le public peut à nouveau profiter de la beauté des lieux avant et après le film.
Que pensent les utilisateurs de CityPlug de ce cinéma ? Contrairement à celui de la Toison d’Or, ce n’est pas le personnel qui est décrié mais le public ! Sa situation en plein centre ville et son offre très grand public doit probablement avoir pour effet d’attirer à peu près tout le monde, quel que soit le degré de politesse et de savoir-vivre.
Dans son commentaire Djyouki nous indique que “Le public est différent, c'est vrai, mais on peut limiter les dégâts en allant voir les films en VO (les voyous n'aiment pas lire, visiblement)”.
Heureusement, d’autres alternatives existent : par exemple en se rendant à une diffusion d’un Opéra ! Les séances Viva Opéra sont organisées en collaboration avec le Théâtre de la Monnaie. Celles-ci permettent de visionner sur grand écran certaines oeuvres classiques.
Bien que le site officiel ne le mentionne pas, il semblerait que ce soient les salles Grand Eldorado (De Brouckère) et Prestige (Toison d’Or) qui ont été choisie comme cadre de ces soirées d’exception.
Certains se souviennent peut-être de ce cinéma qui se trouvait dans le centre commercial City 2, rue Neuve.
Le City 2 est construiten 1978 date qui coïncide avec l’arrivée du groupe UGC en Belgique, bien que le groupe ne fasse nulle part référence au City 2 dans son historique.
En effet, à la date de 1978, UGC indique avoir acheté l’Eldorado. Cette information est contradictoire avec les nombreuses autres sources qui nous informent que cet achat n’aurait pas eu lieu avant 1991.
C’est donc au City 2 que l’UGC s’installe d’abord avant de fermer les portes en 1994, car le succès commercial n’est pas au rendez-vous. Coïncidence des calendriers : c’est cette même année 1994 que la salle Grand Eldorado est classée définitivement au patrimoine bruxellois...
Mais revenons au City 2 : bien que disparu des pages de l’UGC, il reste dans la mémoire de nombreux Bruxellois qui ont pu profiter des “Samedis du Cinéma”. Cette organisation permettait aux enfants d’assister à une séance à prix modique, les samedis matins, d’abord dans la salle du cinéma Arenberg (situé à l’époque rue de l’Arenberg), puis au City 2, avant de continuer encore quelques années à De Brouckère.
Créés en 1977 par André Weis, ces rendez-vous hebdomadaires auront suivi, durant les 28 années d’existence, un petit bout de l’histoire des salles de cinéma de notre ville : des salles de cinéma d’auteur, à celles de cinéma commercial puis vers un plus grand complexe aux ambitions importantes, avant de disparaître...
Pourtant, les plus jeunes cinéphiles connaissent encore les “Samedis du Ciné”, puisqu’une nouvelle équipe en a repris les rennes depuis 2007, au Vendôme, se retrouvant ainsi, comme du temps de des débuts de la première version, dans un cinéma indépendant et de proximité...
Comme quoi, la vie c’est un peu comme au cinéma : quand la bobine est terminée, on la remet sur le projecteur pour les suivants....
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Photo © Vincent Vangoethem
Yamina El Atlassi