Quelles sont les bonnes adresses photos à Bruxelles ? Lorsque la question est posée aux Bruxellois, certaines réponses fusent, en particulier les boutiques de la rue du Midi. Mais ces boutiques sont-elles vraiment le must ? Et une "bonne adresse photo" n'est-ce rien d'autre qu'un magasin où se procurer du matériel ? Y a-t-il d'autres lieux incontournables ?
Quand Massimo Bortolini nous raconte son parcours, c'est un panorama de différentes technologies qu'il nous offre. De ses débuts, enfant, avec des appareils argentiques, dont le développement coûtait trop cher pour le laisser s'exprimer, à sa future exposition de photos prises avec un IPhone, en passant par les nombreux autres appareils qui lui passent entre les mains (réflexes, APN ou polaroïd), ce passionné a tout essayé, et tout aimé...
Depuis quelques années, il se fournit auprès de Ali Photo, une des boutiques de la rue du Midi. Un choix qui s'est imposé à lui dans un premier temps du fait de la proximité de son lieu de travail (Massimo est photographe amateur), puis, cela s'est confirmé avec le temps car il a toujours bénéficié de très bons conseils.
"Ils prennent vraiment le temps de déterminer quels sont les besoins et le budget du client, sans "forcing" sur la vente. C'est ennuyeux uniquement si on est le client suivant... l'attente est parfois longue, mais on sait qu'on aura droit au même traitement, alors cela en vaut la peine !"
Rue du Midi, c'est là également que se trouve PCH Photo, que fréquente Ludovic Thysebaert, dans le métier depuis 3 ou 4 ans. Ce jeune photographe s'est spécialisé dans la photo événementielle, et en particulier d'événements musicaux. Il compte à son palmarès de très prestigieux clients, parmi lesquels le Fuse ou des majors de l'industrie du disque...
Pour Ludovic, c'est aussi la facilité d'accès (par rapport à son domicile) qui a porté ses pas jusqu'à la rue du Midi, ainsi que les marques vendues par la boutique. "J'ai des appareils de marques différentes, en fonction de ce dont j'ai besoin je me rends chez PCH ou encore chez Double One, dans les Galeries de la Reine, dont les propriétaires ont également la très bonne boutique Double You Shop, à Woluwé."
Ludovic nous renseigne sur le fait que PCH vend également des produits d'occasion, contrôlés et garantis par leur soin. Quand on parle de ce type de boutiques, on pense également à Campion, dans le quartier Saint Boniface, mais Ludovic, dont la jeunesse ne laisse pas supposer son très haut niveau de professionalisme, regrette le ton un peu trop condescendant des propriétaires, et, pire, le fait qu'il ne conseillent pas toujours judicieusement les débutants : leur proposant du matériel dont ils n'auront pas l'usage, au lieu de les amener à des produits moins chers et plus simples.
Son avis n'est pas partagé par tous : les clients de Campion semblent, en tout cas, se passionner de la question de l'accueil et de la personnalité du propriétaire, il n'est qu'à lire les très nombreux commentaires sur notre site !
Certains autres photographes de la Capitale ne jurent que par Foto Guy, dans la rue de Flandres. Nous nous étonnons d'ailleurs de l'absence de commentaires à son sujet sur sa page...
Heureusement nous avons trouvé l'un de ses fidèles clients.
Miquy Ferreira Aguiar Donge est une artiste qui a débuté la photo en amateur il y a deux ou trois ans. Son univers "funky", sa sensibilité et son regard particulier lui ont garanti, dès ses tous premiers clichés, un public fan de son travail.... C'est donc naturellement qu'elle se lance aujourd'hui en tant que professionnelle. Miquy aime les appareils argentiques, qu'elle se procure chez Foto Guy ou qu'elle chine au gré de ses visites de brocantes, sur le Marché aux puces de la Place du Jeu de Balle ou encore sur le site e-bay.
"Foto Guy est très complet pour l'achat de mes pellicules, sans compter que l'accueil est très bon ! Je peux y poser des questions concernant l'une de mes dernières aquisitions et j'obtiens des réponses satisfaisantes", nous indique-t-elle.
Bien sûr, travailler en argentique nécessite de développer ses photos ! Des labos existent encore : Miquy travaille avec Labo River, dans le quartier de la Bourse, pour leur rapidité, leur prix raisonnable et le fait qu'ils acceptent parfois de lui envoyer la version numérisée de ses photos par mail, quand elle est un peu trop prise par le temps pour se déplacer.
"Je commence à réaliser des photos à l'occasion de mariages ou autres événéments. Ma démarche reste artistique et je travaille avec un argentique, mais également un appareil numérique, et, après développement, je retouche les photos sur ordinateur".
Le photographe se tourne vers un labo également quand il prépare une exposition. Massimo en a deux à son actif et une en préparation. Il s'est tourné vers le Labo JJ Micheli et, à une autre occasion, vers Adventures Sign Royez. Satisfait du résultat, il conseille ce dernier pour les tirages de grandes tailles.
Les photographes rencontrés sont, sans cesse, en recherche de perfectionnement. Que ce soit par la lecture de magazines spécialisés, dont Massimo nous signale qu'un grand nombre d'occasion sont en vente chez Pêle Mêle.
Au rayon "bouquins" citons la Librairie Husson, qui vend et édite des ouvrages autour de cet art, parmi les adresses incontournables de la capitale.
De nombreuses formations existent, pour qui veut acquérir des techniques, comme Miquy, qui avoue ne pas être entièrement satisfaite et n'avoir pas encore "atteint la singularité recherchée". Elle a décidé de prendre des cours aux Ateliers Contrastes, afin de pouvoir travailler la lumière et les couleurs durant la phase de développement sans passer par la retouche sur programme informatique.
La visite de galeries d'art ou de musées est une autre manière d'exercer son oeil en le confrontant au travail des autres. Pour Ludovic, peu de choses intéressantes se déroulent à Bruxelles : il préfère se rendre à Anvers au Foto Museum et ses expositions de renom. Il envisage, dans un futur proche, de visiter le Musée de la Photographie de Charleroi.
Ludovic a parfois vu des noms de photographes dont il avait envie de découvrir le travail à la Young Gallery, et il invite les curieux à aller découvrir le travail des photographes dans l'espace d'exposition de la boutique Double One située, en plein centre de Bruxelles.
"Il y a de bons photographes à Bruxelles, mais il n'y a pas de place pour les artistes qui me plaisent", regrette-t-il, "et les expositions se déroulent dans des endroits sporadiques qui ne sont pas faits pour cela. Parfois, c'est la communication qui est quasi inexistante, comme ces galeries de la rue de Laeken où je vois des choses intéressantes, mais uniquement au gré d'un passage par hasard".
Massimo se rend parfois au Centre culturel Jacques Franck ou encore à l'Espace photographique Contretype, qui accueille la plupart du temps des expositions de bonne qualité.
En septembre, il exposera son travail avec IPhone, à la Galerie Jonas, dans la rue de Flandres, "mais certains photographes méprisent un peu les images prises avec ce type d'appareil. C'est dommage car il ne s'agit pas de la même démarche, c'est une forme d'expression, basée sur l'image, certes, mais qui prend place à côté des photographies traditionnelles".
Il nous explique que, contrairement à ce qui se fait ailleurs, la Belgique n'est pas encore dynamique dans l'organisation d'expositions autour de ce phénomène important, où l'expérimentation et la rapidité sont les maîtres mots.
Il est difficile de déterminer si le monde de la photo souffre, comme on nous le dit du monde littéraire ou musical, de l'explosion des nouvelles technologies. Quelques boutiques existent encore, à côté des chaînes telles que Photo Hall ou la Fnac, et semblent avoir trouvé une niche auprès de clients exigeants.
Les sites web et groupes de discussion foisonnent en ligne, Miquy ou Massimo nous ont expliqué à quel point les discussions critiques avec des spécialistes du monde entier, les ont aidé à avancer dans leur art. Massimo témoignant même de sorties en groupe afin de prendre des photos thématiques "Bruxelles la nuit" ou "Bruxelles au lever du soleil", avant de comparer et discuter les résultats.
Des tas d'idées circulent, des initiatives originales sont lancées, une multitude d'appareils existent, utilisant chacun des spécificités différentes... et tout le monde, quel que soit son âge peut à présent se lancer dans cette activité, prenant des clichés qui tentent de montrer un nouveau point de vue, rendant chaque image unique, même si elle est reproductible à l'infini...
C'est peut-être là l'une des voies de la singularité ?
Yamina El Atlassi