Il est de ces adresses bruxelloises inoubliables. Des adresses chargées de souvenirs qui sont et resteront le décor de souvenirs mémorables dans les esprits de nombreux Bruxellois.
Puis un jour, la nouvelle tombe : cette adresse adorée, tant aimée, plébiscitée va fermer ses portes à tout jamais.
On s'indigne, on crie au scandale ou à la tristesse ... Les raisons qui voient une enseigne qui a su gagner le titre de « véritable institution bruxelloise » sont légions : un nouveau propriétaire qui n'a pas su gérer correctement ou qui n'a pas convaincu la fidèle clientèle, un changement de mentalités, de société, ou un décès...
Et un autre jour arrive où notre cœur s'emballe d'espoir .... La rumeur populaire l'avait annoncée et les journaux la confirment : la réouverture de l'institution légendaire.
Une chance pour les anciens de remettre dans le circuit de leurs habitudes cette adresse, une opportunité pour les plus jeunes ou ceux qui sont arrivés en ville plus récemment de comprendre l'engouement pour celle-ci...
Est-ce que ces « nouvelles » adresses tiennent leur promesse ?
Petit tour de piste dans l'attente de pouvoir ajouter à la liste le Pathé Palace et l'Aegedium !
Difficile de se prononcer pour le Berger. Pendant des années, les clients ne se vantaient pas de le fréquenter : n'était-il pas le cadre d'amours illicites qui voyaient d'innombrables amoureux s'y donner rendez-vous, parfois pendant des années, même jour, même heure, parce qu'ils étaient déjà engagés ailleurs par les liens sacrés du mariage ?
C'est donc dans le plus grand secret que les clients du Berger étaient fidèles, si pas à leurs époux et épouses respectifs, au moins à l'hôtel et à leurs amours cachés.
Et puis, l'époque a changé.. libération des moeurs, désacralisation du mariage : on n'hésite plus aujourd'hui a divorcer ou à ne jamais se marier....
Quel besoin d'aller se cacher dans un hôtel pour une heure ou deux quand on peut prendre ses aises dans un appartement confortable à une époque qui voit de nombreux célibataires ?
L'hotel Le Berger s'est donc endormi, vidé de ses amants. Jusqu'à la fermeture.
Il aura fallu quelques curieux, artistes et autres amoureux de ces chambres d'un autre temps pour qu'il soit rénové à l'identique. Le mobilier, le papier peint, tout a été respecté, seules les motivations de la clientèle a changé....
Pendant des années cela a été considérée comme « Le meilleur disquaire pour tout ce qui est neuf en musiques alternatives et indépendantes. » comme le résume parfaitement Martin Dekeyser dans son commentaire.
Il était même surprenant de constater que malgré la mort annoncée du disque, Caroline Music a tenu le coup jusqu'en septembre 2012... et n'a du fermer ses portes qu'à la défaveur d'une notification de fin de bail en vue de transformation des lieux. Retrouver un autre local dans le centre a un prix raisonnable n'a pas été chose simple....
Les fans de disques, les fidèles ont donc été ravis d'apprendre que Caroline Music a trouvé un nouveau nid sur le Boulevard Anspach, juste en face d'un temple de la musique : la salle de concert l'Ancienne Belgique, nul doute que les rues de Bruxelles sauront résonner pour de nombreuses années encore, du son de la porte qui s'ouvre pour pénétrer dans cette caverne d'Ali Baba des mélomanes.
Magnifique lieu enfin rénové, enfin réouvert !
Le Greenwich est une taverne au décor intemporel, qui ravit les Bruxellois comme les touristes et qui met d'accord les Expats avec tout ce beau monde.
Après des années inoccupation, il a enfin été restauré, comme un tableau dont les couleurs se ravivent grâce au travail minutieux de l'artisan.
C'est avec curiosité que l'on s'y rend pour tout bien vérifier, les chaises, les tables, les moulures du plafond, les boiseries et même les carrelages des commodités... !
Oui, tout est là bien en place. Comme dans le souvenir qu'on en gardé. Sauf qu'il y manque un pion. Une pièce importante, un élément essentiel, dont l'absence risque fort de laisser le Greenwhich « nouvelle version » à l'ombre du souvenir de l'Ancien...
Ce qui lui manque est superbement exprimé par un utilisateur dans cette question aux quatre points d'interrogation : « Mais ou sont passés les joueurs d'échec ???? »
Le Kafka. Tout un poème. L'évocation de son nom inspire bien des littératures...
Mais laissons la parole à Greg, dont le commentaire, savoureux et humoristique définit à lui seul les facettes les plus improbables de cette institution : « Le Kafka est l'endroit de toutes les métamorphoses: le bourgeois s'y encanaille et s'enivre, l'intello devise sur le monde, avant de s'effondrer dans des toilettes infréquentables. Drôle car décalé, gaucho caviardé, tendance livre écorné sous le bras (d'où le concept d'art et d'aisselle). »
Le Kafka a donc réouvert dans le même quartier. Il est plus lumineux qu'à son ancienne adresse, mais c'est bien l'un des seuls changements observés. Pour le reste, le Kafka garde son âme malgré les métamorphoses....
18 décembre. Date mythique dans l'histoire de cette brasserie : date de son ouverture (en 1981), de sa fermeture en 2009 pour des raisons de santé (et le décès) du propriétaire... dont la veuve n'a pu trouver acquéreur.... avant 2012! Pendant ces trois années, le lieu, classé car il s'agit d'un trésor de l'Art Nouveau, est resté intact....
Il semblait fermé pour son repos hebdomadaire, comme une promesse de jour nouveau aux passants de la rue Royale...
Le 18 décembre 2012, il a enfin réouvert après avoir trouvé un acquéreur. Quand on pénètre dans l'espace, c'est avec l'impression de faire un voyage dans le temps.... Des standards de jazz résonnent et les serveurs dans leurs uniformes sont d'une affabilité d'une autre époque. Il est probable que De Ultieme Hallucinatie reprendra avec sérénité sa place d'institution bruxelloise, de lieu à ne pas rater, comme si le temps d'absence n'avait pas de prise sur lui....
Les fans de rock et de musiques alternatives et punks se réjouissent : « Le DNA a réouvert ses portes, ce qui est une excellente nouvelle! De la bonne musique, de la bonne bière à bons prix » nous écrit la Bruxelloise.
C'est que lors de la fermeture de ce lieu, il y a quelques mois, pour cause d'absence de gestion cohérente des nouveaux gérants qui s'étaient prêté au jeu de « patron d'une adresse mythique » avait laissé une place vacante dans les nuits bruxelloises, difficilement remplie par les autres lieux tant chacun se spécialise et attire des tribus aux goûts musicaux trop différents pour vraiment se mélanger.
Certes, le Magasin 4, à proximité de Tours et Taxis, offre également des événements à destination du public du DNA, mais le DNA avait la particularité d'être idéalement situé au centre ville.
Fort heureusement, les propriétaires de l'immeuble, qui ne sont autre que ceux qui avaient débuté l'aventure « DNA » dans les années '80, avaient pour projet de ne pas voir se terminer cette formidable initiative et a trouvé de nouveaux gérants pour reprendre leur flambeau. Il semble que de nouvelles générations de punks vont envahir la ville...
Yamina El Atlassi